" L’art ne nous convie pas tant à voir « autre chose » qu’à voir autrement "
Jacques Bornibus, 1953

L’installation photographique de Mickael Wittassek à la Galerie 2 Angles nous invite à re-visiter la ville de Flers au travers de photographies prises le long d’une ligne tracée sur un plan « ancien » de la ville.
Ce cadre géographique limité par les bords du papier plan a imposé à l’artiste un départ et une arrivée à son itinéraire, faisant passer son trajet à la fois par la galerie, lieu de sa résidence, par l’ancien site de la Sonofoque, fabrique de plaque d’égouts et signe de l’ancien rayonnement industriel de la ville, et pour finir, par le cimetière, symbole de la fin du voyage.
Dès son entrée dans la galerie, un grand tirage représentant une porte ouverte invite le spectateur à pénétrer dans l’univers de l’artiste. Toutes les photos installées dans la première salle d’exposition nous donnent d’emblée la clé de compréhension de l’exposition. Ainsi, il suffit de voir les vitrines des commerces voisins reproduites sur les tirages plus ou moins grands posés à même le sol de la galerie pour comprendre que le périple commence ici, à 2 Angles. 
Jouer avec le lieu d’exposition dans l’exposition est le principe même du travail de Mickael Wittassek. Tout comme le montage d’une série de tirages collés les uns à côté des autres sur un mur de la galerie qui nous permet de deviner la structure de la galerie, à savoir l’escalier qui se trouve derrière le-dit mur. En avançant dans une seconde salle la galerie, nous pouvons voir une œuvre de la précédente résidence  d’une jeune artiste. Mais celle-ci n’est pas réelle, il s’agit en fait de la photographie de l’œuvre prise par Wittassek. L’artiste veut nous montrer une nouvelle représentation des choses, il s’agit ici de  l’œuvre dans l’œuvre. 
Nous continuons ensuite le voyage de l’artiste dans la ville avec les panneaux installés sur la passerelle extérieure. Tels les panneaux publicitaires plantés aux entrées de villes françaises, les tirages sont accrochés sur des supports métalliques. Le sujet photographié illustre le rapport avec la réalité puisque la publicité est ici remplacée par la vue in situ du panneau sur la passerelle.
L’artiste joue dans un premier temps avec le lieu de l’exposition. Il joue également avec la photographie qui perd son premier sens de tirage « plan » pour devenir sculpture. C’est pourquoi Mickael Wittassek accorde une importance particulière aux supports des tirages. Lors de sa résidence à Flers, il a investi la déchetterie de Caligny, non loin, pour y dénicher les matériaux nécessaires à son exposition. Tables, chaises, meubles et planches ont ainsi permis à l’artiste de donner vie à ses photographies, chaque tirage devant nécessairement avoir le format du support. L’œuvre photographique devient tridimensionnelle. Le support, qu’il soit en bois ou en plâtre, donne corps au tirage et il devient alors l’illusion de la réalité. 
Ce travail du volume 3D est accentué par les lacérations faites sur les tirages originels, qui donnent plus de lumière et de contrastes aux tirages finaux. En effet, chaque photographie est froissée, scarifiée, grattée ou déchirée puis rephotographiée et agrandie à la taille du support destiné à l’installation.
Cette technique permet également à Wittassek de poser une barrière visuelle entre le spectateur et l’œuvre d’art puisque en regardant la photo, nous voyons les reflets du premier tirage « incrustés » dans le tirage final.  L’artiste crée une confusion entre les deux photographies mais le spectateur se perd dans les différents niveaux d’interprétation de l’œuvre.
La ligne imaginaire du voyage se termine par le cimetière de la ville, tout comme la dernière salle d’exposition, qui nous amène dans une installation d’imposants panneaux verticaux et aériens accrochés du sol au plafond de la galerie, entre lesquels le spectateur peut marcher adroitement.
Cette installation se veut poétique et légère, tout comme les suspensions. Les tirages semblent plus lacérés que dans le reste de l’exposition. Le cadrage des prises de vues est tel qu’il est difficile de reconnaitre qu’il s’agisse de tombes. En effet, l’artiste a volontairement effacé toute idée de symbole religieux pour ne montrer que les ornements, comme les fleurs d’hortensias en céramique ou les tâches de mousses qui recouvrent les tombeaux.
Avec une certaine légèreté et sans gravité, Mickael Wittassek termine son voyage à travers la ville de Flers avec l’installation des photos du cimetière, comme pour faire un parallèle  entre la fin de l’exposition et la fin de vie.
Il espère ainsi nous avoir convié à voir « autre chose », autrement…
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" Kunst lädt uns weniger dazu ein „andere Dinge“ zu sehen, als vielmehr anders zu sehen. "
Jacques Bornibus, 1953

Die Installation von Michael Wittassek in der Galerie 2Angles lädt uns ein die Stadt Flers mittels Fotografien wieder zu entdecken, die aufgenommen wurden entlang einer über den Stadtplan gezogen Linie. 
Dieser geografische Rahmen, begrenzt durch die Ränder eines Stücks Papier, setzten dem Künstler ein Anfang und ein Ende seiner Reise. Dabei streifte er zum einen die Galerie selbst, den Ort seiner Tätigkeit, zum anderen das Gelände der ehemaligen Gießerei Sonofoque, Hersteller von Kanaldeckeln und Zeichen der früheren Mächtigkeit der Industriestadt, und um schließlich den Friedhof zu erreichen, Symbol jeglichen Endes.  
Im Eingang der Galerie empfängt den Besucher eine große Fotografie einer offenen Tür und lädt ihn ein, das Universum des Künstlers zu betreten. Alle hier im ersten Raum zu findenden Fotos geben uns schon den Schlüssel zum Verständnis der weiteren Ausstellung. So genügt es die Schaufenster der benachbarten Läden zu sehen, die hier mehr oder weniger groß reproduziert auf dem Boden der Galerie platziert sind, um zu verstehen, dass das Abenteuer hier beginnt: in der Galerie 2Angles.
Mit dem Raum der Ausstellung in der Ausstellung zu spielen, ist das Leitmotiv der künstlerischen Arbeit von Michael Wittassek. Alles beginnt mit einer Serie von Fotografien, die, eine neben die andere geklebt, an einer Wand der Galerie entlang läuft und uns ein Verständnis der räumlichen Struktur der Galerie liefert: hinter dieser besagten Wand befindet sich das Treppenhaus. Vorwärts schreitend in den zweiten Saal der Galerie können wir eine Arbeit aus der vorhergehenden Ausstellung einer jungen Künstlerin entdecken. Doch ist diese nicht real; es handelt sich um eine Fotografie dieser Arbeit aufgenommen von Wittassek. Der Künstler wünscht uns eine neue Sichtweise auf die Dingen. Es handelt sich hier um ein Bild im Bild.
Wir setzen die Reise des Künstlers in die Stadt fort mit den Fotos, die auf dem Überweg draußen installiert sind. Sie sind auf metallische Träger aufgebracht, in der Art von Werbetafeln, wie sie an den Ausfallstraßen der französischen Städte zu finden sind. Das fotografische Spiel illustriert den Bezug zur Realität, weil die Werbung hier durch das Bild der vorgefundenen Situation auf der Dachterrasse ersetzt wurde.
Der Künstler spielt zum einen mit dem Ort der Ausstellung, gleichermaßen aber auch mit der Fotografie, die ihre ursprüngliche Form als flaches Bild verliert und zur Skulptur wird. Deswegen misst Michael Wittassek dem Trägermaterial seiner Fotografien eine außergewöhnlich hohe Bedeutung bei. Anlässlich seines Aufenthalts in Flers hatte er die nicht weit entfernte Müllsammelstelle von Caligny ausfindig gemacht, um hier das für seine Ausstellung notwendige Material zu sichten. Tische und Stühle, Möbel und Platten leben mit seinen Fotografien weiter. Jeder Abzug musste notwendigerweise vorher auf das Format des Trägers abgestimmt werden. Das fotografische Werk wird dreidimensional. Der Träger, sei er aus Holz oder Gips, gibt dem Foto einen Körper und wird Bestandteil der fotografischen Illusion.
Diese sulkpturale Arbeit wird betont durch die Zerstörungen, die auf dem ursprünglichen Abzug gemacht wurden, und dem finalen Bild mehr Licht und Kontrast verleihen. Tatsächlich ist jede Fotografie zerknittert, zerkratzt oder zerrissen, um erneuert fotografiert und schließlich auf das Maß des Trägers vergrößert zu werden, der für die Installation ausgewählt wurde.
Diese Technik dient Wittassek ebenso dazu, ein visuelles Hindernis zwischen dem Betrachter und dem Kunstwerk zu setzen. Denn während wir das endgültige Foto betrachten sehen wir genauso die eingebetteten Spuren auf dem ersten Abzug. Der Künstler erschafft eine Verwirrung zwischen den beiden Fotografien, während sich der Betrachter in den unterschiedlichen Ebenen der Deutungen verliert.
Die imaginäre Reiseroute vollendet sich auf dem städtischen Friedhof, gezeigt im letzten Raum der Ausstellung, der uns in eine imposante Installation hineinführt. An Decke und Boden der Galerie befestigt, sind schwebend große Fotografien aufgehängt, zwischen denen sich der Besucher bewegen kann.
Diese Installation gibt sich leicht und poetisch, genauso wie ihre Präsentation. Die Abzüge erscheinen stärker zerstört als die übrigen der Ausstellung. Durch den gewählten, einengenden Ausschnitt ist es schwierig zu erkennen, dass es sich hier um Gräber handelt. Bewusst hat der Künstler jegliche Idee eines religiösen Symbols ausgelöscht, um nur Ornamente - wie die Hortensie aus Porzellan oder die Spuren der Flechte, welche die Gräber bedeckt - übrig zu lassen.
Mit einer unbestreitbaren Leichtigkeit und ohne jegliche Schwere beendet Michael Wittassek seine Reise durch Flers mit einer Installation von Fotografien des Friedhofs, als ob es eine Parallele zwischen dem Ende der Ausstellung und dem Lebensende gäbe.
 Er hofft, uns dazu verführt zu haben „andere Dinge“ anders zu sehen ...




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